Il était une fois, un imbécile qui avait un chien appelé Perdreau.
Ce chien était comme tous les chiens, c’est-à-dire qu’il ne jugeait
pas son maître et lui était raisonnablement attaché.
Il lui rendait les services que rend un chien.
Il grognait quand il voyait un individu à l’allure inquiétante.
Il aboyait quand quelqu’un sonnait à sa porte.
Un jour deux types à moto descendirent de leur engin et
s’avancèrent d’un air menaçant vers l’imbécile qui les regardait venir
avec un sourire d’imbécile, il croyait qu’ils venaient lui demander du feu,
en fait, ils voulaient lui prendre son portefeuille.
Le chien ne s’y trompa pas, il leur sauta dessus en hurlant et les mis
en fuite.
L’imbécile criait « Perdreau, viens ici ! Messieurs pardonnez lui, il
n’est pas méchant. Ah la sale bête ! Tu vas voir la tournée que
tu vas prendre.
Les deux voyous sautèrent sur leur moto et partirent très loin.
L’imbécile corrigea le chien qui n’y comprit rien, mais n’en continua
pas moins à aimer son maître, car les chiens sont fatalistes.
Ils savent que les hommes ont des réactions illogiques.
Il y eu plusieurs incidents de ce genre, chaque fois que le chien
croyait faire son métier de chien, l’imbécile lui tapait dessus et
se confondait en excuses auprès des chenapans, voleurs,
et bandits de tout poil que mordait le malheureux animal.
Il disait que celui ci était idiot, sanguinaire, et qu’il n’arrêtait
pas de commettre des bavures.
On a beau être chien et plein de bonne volonté, on finit par se lasser
de recevoir des coups, le chien Perdreau se lassa, cela se sut
assez vite dans le quartier.
L’imbécile habitait un pavillon, une nuit, un cambrioleur escalada le
mur, le chien entrouvrit un œil dans sa niche pour chien et le referma,
incontinent.
Le cambrioleur cambriola en toute tranquillité.
L’imbécile s’arracha les cheveux et corrigea le chien, lequel reçut
philosophiquement sa correction, n’étant pas à une inconséquence près
de la part de son patron.
Une autre nuit, ce fut un autre cambrioleur qui vint, ce cambrioleur
là avait un surin qu’il planta dans la bedaine de l’imbécile qui en
mourut.
En partant, l’assassin caressa le chien en disant « bon toutou ! »
Le chien pensa, car les chiens pensent : « Voila la première parole
aimable que j’ai entendue depuis longtemps ».